Carrières dans votre région Avis de décèsÉdition Électronique Rabaischocs.com

Recherche

Recherche par terme

Journaliste

Date de parution

_

Catégories

Opinion

Retour

16 février 2016

Souffrir à petit feu

Il y a quelques mois, mon beau-frère de 58 ans apprenait qu’il souffrait d’un cancer du pancréas en phase terminale.

Bien sûr, il ne voulait pas mourir. Il a lutté de toutes ses forces, mais son corps continuait de l’abandonner, et l’angoisse de partir le hantait.

Lorsque cela n’a plus été possible à la maison, ma sœur s’est résignée à ce qu’il passe ses derniers jours dans une maison de soins palliatifs, avec l’espérance que sa fin de vie se passe en douceur et dans la sérénité. Elle ne se doutait pas, alors, qu’il vivrait une fin horrible.

Je travaille auprès des gens en fin de vie depuis fort longtemps et j’ai rarement vu une personne souffrir autant moralement. L’anxiété qui le hantait était si grande que cela était devenu un véritable calvaire. Le delirium s’était installé et lui occasionnait des crises à répétition. Alors, le personnel nous disait qu’il allait lui donner «un petit quelque chose» qui était loin d’être suffisant pour l’apaiser.

Je comprends que malheureusement, ces gens doivent respecter des protocoles (souvent trop rigides) et qu’ils ont les mains liées. Je m’adresse donc à vous, décideurs, qui avez le pouvoir de changer ces protocoles : pourquoi laisser souffrir un patient alors qu’il serait possible de mettre fin à cette angoisse? On plonge, si nécessaire, un patient qui a subi un trauma grave dans un coma artificiel pour protéger son cerveau, alors...

Il est parfois nécessaire de donner plus qu’un «petit quelque chose» pour permettre à un patient angoissé de se laisser partir doucement et avec sérénité. Lorsqu’un protocole ne fonctionne pas, il faut avoir la souplesse de s’adapter au patient qui ne demande qu’à être soulagé, comme tout être humain mérite de l’être. La tête est aussi importante que le corps, surtout lorsque le cerveau d’un patient en fin de vie est envahi à ce point. Il est de notre devoir de faire le nécessaire pour que le patient retrouve le calme dont il a besoin pour partir en paix et d’empêcher que les proches n’enregistrent des images qui les marqueront à jamais.

Je termine en remerciant malgré tout le personnel médical et les bénévoles pour leur dévouement.

Cher beau-frère, repose en paix, tu ne l’as pas volé.

Dolorès Bogle

Terrebonne

Commentaires

Inscrivez votre commentaire

Politique d'utilisation Politique de confidentialité

Agence Web - Caméléon Média