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01 novembre 2018

Jean-Marc Gilbert - jmgilbert@lexismedia.ca

Terrebonne : un élu expulsé de la préparation du budget

Parce qu'il a «brisé la confidentialité» entourant les discussions tenues lors des rencontres préparatoires au budget 2019 de la Ville de Terrebonne, le conseiller municipal du quartier 16, Marc-André Michaud, a été expulsé d'une de ces rencontres, le 1er novembre.

Tôt le matin, M. Michaud s’est présenté au micro de Paul Arcand au 98,5 FM pour discuter d'une patinoire extérieure possiblement vouée à disparaître dans ce quartier, plus précisément au parc Pierre-Le Gardeur. On évoque des raisons budgétaires et climatiques, entre autres (voir autre texte en page A-3). Le maire de Terrebonne, Marc-André Plante, juge que le conseiller municipal a ainsi «trahi son engagement». Plus tard en matinée, lorsque M. Michaud s'est présenté à la séance préparatoire du budget, avec un peu de retard, souligne le maire, on lui aurait alors demandé de quitter la salle. «M. Michaud s'est en quelque sorte expulsé lui-même en communiquant publiquement certaines informations malgré l'engagement de confidentialité. Les autres conseillers, même ceux de l'opposition, n'avaient plus confiance en lui», indique le premier magistrat. Il lui reproche également d'avoir eu un comportement «indigne» de sa fonction lorsqu'on lui a montré la sortie. «Il criait et était très agressif. Il a même proféré des menaces», ajoute le maire, sans vouloir en préciser la nature.

En colère

Rencontré par La Revue quelques minutes après son expulsion, M. Michaud l'a vivement dénoncée. «On n'avait pas le droit de me sortir! Les élus ont le droit de participer à ces rencontres. On a même contacté la police pour m'expulser», décrie le conseiller, soulignant être parti avant l'arrivée des agents. Il considère que le fait d'avoir donné une entrevue à un média qui souhaitait lui parler de cette situation fait partie de son travail d'élu. Il évoque la liberté d'expression. Générations Terrebonne, parti duquel M. Michaud est le chef intérimaire, a déjà déposé une plainte à la Commission municipale du Québec. Une mise en demeure a aussi été remise au maire. On le somme de «cesser de restreindre le travail de conseiller municipal de notre client (Marc-André Michaud), et ce, de toute manière, sans quoi nous avons le mandat d'entreprendre les procédures judiciaires requises», peut-on lire dans le document. Le conseiller trouve aussi incohérent d'être éventuellement appelé à voter sur le budget alors qu'il n'a pas pu participer à la totalité du processus de consultation budgétaire réservée aux élus.

Multiples réactions

Dans les heures suivant l'expulsion, les réactions ont fusé de toutes parts. D'abord, Robert Morin, conseiller du quartier 10, élu de Nouvel Élan Terrebonne, s'est inscrit en faux contre l'affirmation du maire voulant que les conseillers, même ceux de l'opposition, eussent perdu confiance à l'égard de M. Michaud. «On ne m’a rien demandé, prétend-il. Et si on l’avait fait, j’aurais dit que n’ayant pas entendu l’entrevue, je réservais mes commentaires.» Après écoute, M. Morin estime encore avoir une pleine confiance en M. Michaud. Du côté du cabinet du maire, le chef Nicolas Dufour prétend qu'il y a eu un tour de table avant l'expulsion du conseiller pour savoir si quelqu'un s'y opposait, et après pour savoir si quelqu'un voulait commenter. «Si quelqu'un voulait s'exprimer, il pouvait le faire tant avant qu'après», dit-il. Une information que dément la conseillère du quartier 15, Nathalie Lepage, dans un courriel envoyé mardi par son attachée de presse Stéphanie Beauchemin. «Je souhaite préciser que je n’ai jamais donné mon appui à l’expulsion de mon collègue Marc-André Michaud, d’ailleurs le maire Plante n’a pas demandé l’avis au conseil avant d’ordonner au directeur général adjoint d’appeler la police», dit-elle. Le cabinet du maire a également publié un communiqué de presse, comprenant les réactions de quatre élus, dont deux indépendants. «L’exercice financier qui a lieu en ce moment en est un des plus démocratiques (...) Il s’agit toutefois d’un privilège et non d’un droit. C’est pourquoi nous nous devons tous de respecter un certain niveau de confidentialité», déclare Nathalie Bellavance, de l'Alliance démocratique de Terrebonne. «Il faut savoir s’élever au-dessus de nos intérêts partisans parce qu’enfin, pour une première fois, nous avons pu faire valoir nos propositions et nos choix pour en arriver à un budget équilibré et respectueux de la capacité de payer des citoyens de Terrebonne», a ajouté le conseiller indépendant André Fontaine, qualifiant toute cette histoire de «tempête dans un verre d’eau glacé». Finalement, dans un autre communiqué de presse publié vendredi, les chefs de six partis d'opposition des villes de Laval, de Sherbrooke, de Longueuil et de Québec appuient M. Michaud. «Nous sommes inquiets de voir que des maires puissent encore agir de la sorte et qu’un conseil municipal acquiesce à ce genre de partisanerie antidémocratique», indiquent les chefs en demandant au gouvernement d'agir en reconnaissant officiellement les oppositions municipales «afin d'éviter que les maires et mairesses abusent ainsi de leur pouvoir».

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