Un ange-gardien veille

Vous me permettrez, chers lecteurs et lectrices, de saluer pour mon article de la rentrée le souvenir d’une femme qui nous a marqués : Louise Despatie. Elle nous a quittés prématurément il y a tout près de deux ans. Je viens de jouer au golf en pensant à elle. J’ai pensé lui donner des nouvelles de sa gang de gars; ses enfants et son mari.

Louise, je sais bien que tu as encore de très bonnes pensées pour nous. Je m’aperçois que tu dois encore brasser les choses là-haut. Tes fils, Louis-Claude et Jean-Martin, ton compagnon de vie, Claude, et moi, nous étions satisfaits de l’été que nous avions eu. Tu n’étais pas obligée de faire des pressions pour nous envoyer un temps aussi splendide. Par contre, on a bien apprécié cette délicatesse, ça te ressemble tellement.

On va régler la question du golf tout de suite. Ton fils Louis-Claude, celui que vous aviez beaucoup encouragé à faire carrière dans cette discipline, t’a vraiment fait honneur; il est d’un naturel déconcertant et rassurant pour un golfeur de second ordre comme moi. Cet employé de Bombardier ne joue plus souvent, mais s’il s’y mettait le moindrement, il ferait fureur. À 26 ans, "calant" une petite bière avec moi, il ne parle pas de ses exploits. Il préfère me dire à quel point tu l’as influencé de ton vivant. Lui qui file le parfait bonheur avec Mélissa depuis cinq ans est fier de ton héritage. "C’était et c’est encore mon idole. Tu sais à quel point elle aimait aider le monde. Elle ne savait pas où s’arrêter. Alors, dans certains cas, elle a trop donné. Certains ont exagéré."

J’imagine que d’en haut, tu as vu les belles formes de ta bru Annick. Elle porte fièrement un être cher qui fera son apparition sur terre au début de l’année prochaine. Le futur papa, Jean-Martin, ton plus vieux, est probablement un des gars les plus heureux de la région. "Je n’ai pas besoin de te préciser à quel point les valeurs familiales étaient importantes pour ma mère. Je peux te dire que la grossesse nous unit comme jamais je ne l’aurais cru. Louise aurait tellement aimé être grand-maman! Je sais très bien qu’avec ses lunettes d’approche, elle partage ce bonheur avec nous. En bonne journaliste, elle doit suivre l’évolution de la situation."

Ton mari, Claude, qui a partagé 35 ans de sa vie avec toi, n’est évidemment pas venu pour améliorer son golf. Moi qui réussis un tantinet à progresser à chacun de mes tournois, je tente de lui faire apprécier cette activité, mais… il vient pour toi. De ça, il n’a aucune difficulté à parler. "Tu as vu à quel point je me suis amusé avec mes fils, à quel point nous nous taquinons. On s’aime. On se le dit tous les jours. C’est tellement important pour moi. C‘est difficile de perdre la moitié de soi-même! C’est un grand vide auquel j’ai vraiment de la difficulté à m’habituer. J’ai tellement vu Louise souffrir pendant qu’elle combattait son cancer aux poumons. C’était il y a deux ans. C’était dur sur le plan tant physique que moral pour elle. J’ai sa photo à côté de moi le soir lorsque je regagne notre chambre. Elle est toujours là. Tu ne me croiras peut-être pas, mais j’ai toujours un lampion qui brûle. Je ne veux tellement pas qu’il s’éteigne que j’achète ça par caisses de 24. Autant je pense à elle, autant je ne lui demande aucune faveur. Je te le dis, elle a déjà trop donné de son vivant."

J’avoue que je ne relance pas vraiment le personnage qui, habituellement, ne verse pas nécessairement dans la confidence. C’est lui qui veut conclure son idée. "Une façon de me rapprocher d’elle, c’est de lire une belle lettre qu’elle m’a écrite avant de mourir. Elle l’avait conclue en me disant : "On était si bien ensemble.""

Ton ami Réjean