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22 novembre 2011

Un homme et son combat

©Michel Dumont et Solange Tremblay ont vécu une épreuve de taille, mais ont su en triompher.

AFFAIRE DUMONT

Le Terrebonnien Michel Dumont verra son histoire portée au grand écran en 2012. L'homme, faussement accusé de viol 20 ans plus tôt, a toujours clamé son innocence. Sa conjointe, Solange Tremblay, l'a épousé en pleines démarches judiciaires, n'ayant jamais douté de sa non-culpabilité. Le couple a accepté de recevoir La Revue à sa résidence, accordant une entrevue intimiste.   

 «J'ai l'impression de voyager dans le temps, confie de prime abord Solange. C'est ma vie, je la regarde et je pleure.» Michel Dumont décrit le film comme étant «une grande histoire d'amour, d'injustice et de vérité». Cette dernière ne finit pas toujours par triompher d'elle-même, selon les deux amoureux. «Il faut se battre pour que la vérité sorte», soutient M. Dumont.

La victime de cette erreur judiciaire affirme que le film - produit par Nicole Robert de GO FILMS et réalisé par Podz - boucle la boucle, en quelque sorte. «Je la revis intensément, cette grande partie de ma vie qui s'est révélée un cauchemar», explique l'homme âgé aujourd'hui de 51 ans.

Le combat de Michel Dumont n'est pas pour autant terminé. Après avoir reçu le pardon (et un dédommagement) de la Ville de Boisbriand, qui l'a accusé du viol de Danielle Lechasseur, la bataille se poursuit, en cour d'appel, avec le procureur de la couronne du Québec et du Canada. Le 7 novembre, il retournait en appel, attendant maintenant que les trois juges délibèrent.

Qu'importe l'issue de la situation, Michel Dumont revivra ses mois de prison tous les jours. «Je n'oublie pas.» Et à Danielle Lechasseur, pardonne-t-il? «Pardonner est un grand mot, répond M. Dumont, prudent, qui évoque plutôt une acceptation. C'est la Justice qui a mal fait son travail. Danielle Lechasseur, je ne la connais pas, elle était bouleversée, je ne suis pas prêt à lui en vouloir.»

Solange, elle, a toujours cru Michel. Son alibi était solide et confirmé par son ex-conjointe; ils jouaient ensemble aux cartes en cette soirée fatidique.

Un an et demi après leur rencontre, Michel a été envoyé en prison et Solange a épluché tout le dossier judiciaire concernant le procès. Elle y a trouvé plusieurs failles. Elle était déjà très éprise de Michel, et cette épreuve les a rapprochés plutôt que de les séparer. Et ce, même s'il y a eu des moments plus difficiles.

La prison : ça change une vie

Michel Dumont a passé trois ans en prison, de 1994 à 1997, avant d'être acquitté, en 2001, pour un viol qu'il n'a pas commis le 17 novembre 1990. «J'ai de la misère à contenir mes émotions, exprime-t-il, mais je travaille sur moi.» Solange convient que la prison l'a beaucoup changé. Auparavant plutôt timide, il peut aujourd'hui éclater à tout moment. «Ça brûle de l'intérieur, explique le principal intéressé. C'est comme un volcan prêt à exploser.» Avant la prison, il fuyait la confrontation, maintenant, il n'en est plus question.

«En prison, j'en ai mangé, des volées», poursuit Michel Dumont. C'est un fait connu, les agresseurs sont malmenés dans les établissements carcéraux. Il devait constamment surveiller ses arrières, ne pas montrer sa peur. «Au début, je reculais, je demandais d'aller au trou», a indiqué le condamné.

C'est Solange qui lui a conseillé d'affronter ses assaillants. Par la suite, après une entrevue avec Jean-Luc Mongrain, l'un de ses agresseurs avait dit avoir eu aussi peur de lui, ne sachant pas comment il allait réagir. «Mais lui était en prison à vie, il n'avait rien à perdre», explique Michel, qui souligne que l'homme avait les bras de la grosseur de ses cuisses.

Au pénitencier, au moment où il était au plus bas, Solange a demandé à Michel de l'épouser. Par téléphone. «Il se serait enlevé la vie», explique Solange, qui tentait de lui démontrer qu'elle l'attendait, qu'elle était prête à se battre avec lui, pour lui. Ce qu'elle a fait. Ce qu'elle a réussi. Réunissant suffisamment de preuves pour mener à l'acquittement de l'homme qu'elle aime.

Vingt ans plus tard

Les séquelles se font encore sentir 20 ans plus tard. «Michel a toujours l'impression qu'on l'accuse», dans n'importe quelle situation de la vie quotidienne, se désole Solange. Il dit d'ailleurs entretenir une boule de rage au fond de la gorge qui ne le quitte jamais. Michel Dumont a consulté en psychologie  durant cinq ans, seul et en couple. Il fréquente l'organisme pour hommes vivant avec des comportements de violence en situation conjugale et familiale, CAHo.

Il concède par contre que c'était une épreuve à vivre. Cette saga a débuté alors que Michel était âgé de 30 ans. Aujourd'hui, à 51 ans, comment envisage-t-il l'autre moitié de sa vie? «Je pense à la retraite, je pense à voyager», répond celui qui part à l'étranger de deux à trois fois par année. Une chose lui reste en tête : la vie est un combat. «La vie est faite d'embûches qu'on est capable de surmonter. On ne peut compter que sur soi, et sur son conjoint.» S'il peut offrir quelque chose aux gens, ce serait une dose de courage. Le courage d'entreprendre des démarches. De faire valoir ses droits. Et surtout, de triompher de l'injustice.

À suivre dans nos pages la semaine prochaine, une incursion sur le plateau de tournage de «L'Affaire Dumont», à l'île Saint-Jean.

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