Vieux-Terrebonne : un groupe de citoyens créé

Inquiets de voir le Vieux-Terrebonne perdre son âme en raison de certains éléments contenus dans le projet de règlement 1001-304 qui vise à modifier le zonage du secteur, dix résidents du quartier se sont réunis pour décortiquer les 183 pages du projet de règlement. Ils proposent des modifications qu’ils défendront avec ardeur lors de la consultation publique du 12 août.

Ils sont heureux qu’un futur règlement vienne enfin encadrer les normes urbanistiques de ce secteur où quelques projets domiciliaires et commerciaux ont suscité une certaine grogne au cours des dernières années. « Quatre-vingt-dix pour cent du règlement est très bon », dit Charles Messier, un des fondateurs du groupe qui souhaite travailler en collaboration avec l’administration municipale afin d’apporter des changements jugés cruciaux pour « que la Ville prenne des décisions qui correspondent réellement aux nécessités des résidents du Vieux-Terrebonne », peut-on lire dans une lettre, sous forme de pétition, signée par les dix membres du groupe.

Neuf demandes

Après analyse de chacune des zones concernées, neuf recommandations ont été formulées. Parmi celles-ci, le groupe désire que « l’occupation maximale de toutes nouvelles constructions soit de 40 % ou égale au bâtiment précédemment construit » sur un terrain. « Les marges arrière de toutes nouvelles constructions doivent être de 6 mètres, et de 2 mètres à l’avant » demande aussi le groupe. Il croit également que la hauteur maximale de toutes constructions ne devrait pas dépasser celle du plus haut bâtiment dans la zone où un terrain est situé. Des exceptions sont prévues pour certaines zones et détaillées dans la lettre écrite par le regroupement. Le groupe exige par ailleurs que les mezzanines intérieures et extérieures soient considérées comme des étages alors que le projet de règlement actuel prévoit l’inverse. D’autres demandes concernent l’activité commerciale.

La fin des dérogations mineures

La dernière demande du groupe touche les dérogations mineures. Il propose plus précisément « d’ajouter qu’aucune dérogation mineure au règlement [de zonage] 1001 ne doit être permise dans le futur dans toutes les zones ». « Même le directeur général [de la Ville de Terrebonne], Alain Marcoux, a dit qu’il y a avait trop de dérogations mineures », souligne Réjean Chayer, un autre membre du groupe de citoyens. « La direction générale a noté qu’à presque chaque séance du conseil, il y a beaucoup, beaucoup de dérogations mineures. Il y a aussi beaucoup de programmes d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA) », avait effectivement déclaré M. Marcoux lors de la séance du 13 janvier, en réponse à la question d’un citoyen. Il avait en outre insisté sur l’aspect « mineur » de certaines dérogations accordées. « Une différence entre 10 mètres et 13 mètres, ça peut se comprendre. Mais une dérogation pour passer de 10 mètres à 100 mètres, ça ressemble moins à une dérogation mineure », avait donné comme exemple le haut fonctionnaire.

Et le développement?

Questionné sur le caractère potentiellement contraignant de certaines de ces demandes sur le développement du quartier, Charles Messier répond : « Il y a de la place pour plus de densification, mais ça doit demeurer un endroit agréable pour y vivre. » « Je ne pense pas que nos demandes sont extrémistes. Mais certains des projets proposés par le passé l’ont été », renchérit Jean-François Di Pietro, membre du groupe, en faisant référence au projet d’immeuble à condos de sept étages que le Groupe Magma souhaitait construire sur la rue Chapleau en 2016. M. Di Pietro ajoute qu’avec d’autres projets récemment autorisés et traités abondamment dans nos pages au cours des derniers mois, « la Ville déconstruit graduellement l’identité » du Vieux-Terrebonne. Selon le groupe, l’opinion citoyenne n’a pas été suffisamment prise en compte dans l’élaboration du projet de règlement. Qui plus est, toujours d'après le groupe, il ne reflète pas le rapport produit par l’Institut du Nouveau-Monde (INM) à la suite de différentes démarches de participation citoyenne en 2017 et en 2018. Le groupe aimerait que l’équipe du maire Marc-André Plante montre une plus grande sensibilité aux demandes du conseiller municipal du quartier, André Fontaine. « On sent que notre conseiller n’est pas écouté, alors que c’est lui qui nous représente », conclut M. Messier.