Un autre regard sur le don d’organes 

  • Publié le 22 sept. 2025 (Mis à jour le 22 sept. 2025)
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Marie-Ève Breton a publié son roman Le coût d'une vie en juin dernier.
Marie-Ève Breton a publié son roman Le coût d’une vie en juin dernier.

Marie-Ève Breton vit à Saint-Lin–Laurentides. Elle a publié son premier roman, Le coût d’une vie, en juin dernier, dans lequel elle revient sur son expérience en tant que donneuse de rein.  

C’est dans la vingtaine que la sœur de Marie-Ève Breton a découvert qu’elle souffrait d’une insuffisance rénale terminale. Immédiatement, le père s’est porté volontaire pour un don de rein, mais s’est révélé incompatible. Ils sont tous deux entrés par la suite dans le programme de dons croisés géré par la Société canadienne du sang. Trois fois par an des paires de donneurs-receveurs sont mises en relation dans une chaîne, qui peut compter jusqu’à 6 paires. Malgré différentes tentatives, plusieurs chaînes dans lesquelles se trouvait la famille Breton se sont brisées. « À la fin, la dernière chaîne qui a brisé, c’était en raison de l’état de santé de mon père. Il ne pouvait plus donner », explique Marie-Ève Breton.  

En 2019, c’est au tour de Marie-Ève de se lancer dans le processus de don d’organes. Et après avoir elle aussi découvert qu’elle ne pouvait pas donner de rein directement à sa sœur, la voilà embarquée dans le processus de dons croisés. Pour donner, Marie-Ève a dû passer beaucoup de tests, rencontrer un médecin, une travailleuse sociale et même une psychologue. Finalement, début 2020, les tests sont finis et elle est admise à former une paire donneur-receveur avec sa sœur.  

Un dur contrecoup à l’opération 

C’est après l’opération que les choses ne se passent pas comme prévu. « Pour moi j’allais me faire opérer, puis sortir de là fière de mon geste bien d’avoir donné et, en fait, je me suis réveillée et j’étais en dépression », raconte Marie-Ève Breton. S’ensuivent de longs mois de détresse psychologique pour elle, qui si les risques physiques lui ont été clairement expliqués, les conséquences psychologiques possibles ont été beaucoup moins discutées. Mais surtout, « je tiens à préciser que je suis très pour le don d’organes, je trouve que c’est vital, j’ai mon petit ruban vert pour le don d’organe », insiste Marie-Ève.  

Dès l’opération terminée, Marie-Ève a été suivie par un psychologue du centre hospitalier dans lequel elle a été opérée, mais cela ne dure qu’un temps et elle doit bientôt se tourner vers le privé pour être prise en charge, durant une année et demie. Durant son traitement, elle doit prendre des antidépresseurs qui déclenchent des effets secondaires chez elle: alors qu’elle n’exhibait aucun symptôme avant, Marie-Ève présente des signes de trouble bipolaire. Et si elle a maintenant pu arrêter de prendre les médicaments contre la dépression, elle est toujours sous traitement pour un trouble bipolaire, au risque de retomber en dépression.  

L’écriture comme médecine 

Pour Marie-Ève Breton, le processus d’écriture a été thérapeutique. Durant sa période de dépression, elle écrivait des journaux de bord tous les jours, mais aussi de la poésie. En 2024, elle décide de reprendre tout ce qu’elle avait écrit à ce moment-là et de raconter son histoire en repartant de zéro. Quand elle est arrivée au moment après l’opération, Marie-Ève a vraiment repris ce qu’elle avait écrit pendant cette période sombre et y a ajouté quelques-uns de ses poèmes préférés. « C’est grâce à l’écriture que je suis passée à travers ma dépression. Ça m’a permis de m’en sortir », explique-t-elle. 

Aujourd’hui, Marie-Ève ne regrette pas la vie retrouvée de sa sœur, mais veut faire entendre sa voix, et celles des autres donneurs qui ont pu se retrouver dans la même situation. Sans porter de blâme ni juger les soignants, Marie-Ève Breton a aussi transmis son témoignage pour que les donneurs potentiels puissent y avoir accès. Mais pour elle, il ne s’agit absolument pas d’effrayer les donneurs potentiels: « je me sens toujours dans une contradiction dans le sens où je ne veux pas empêcher quelqu’un de donner si cette personne veut. Un exemple que je donne dans mon livre, c’est de dire que c’est comme si on voulait tomber en amour en refusant le chagrin. C’est impossible. Si on veut être vraiment en amour, l’un ne va pas sans l’autre ». 

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