Une œuvre de Marcelo Martins pour rassembler

Marcelo Martins et les résidents posent fièrement devant leur œuvre. (Photo Médialo - Sabrina Quesnel-Bolduc)
Marcelo Martins et les résidents posent fièrement devant leur œuvre. (Photo Médialo – Sabrina Quesnel-Bolduc)

Tisser la mémoire : une nouvelle œuvre collective initiée par l’artiste Marcelo Martins et réalisée avec les résidents du Chartwell des Mille-Îles à Terrebonne. À travers le processus de médiation culturel, les artistes ont mentionné avoir trouvé une façon de se rencontrer eux-mêmes et de rencontrer l’autre. Le dévoilement s’est fait le 2 décembre dernier.  

En entrevue avec La Revue, Marcelo Martins confie que ce n’est pas la première fois qu’il travaille avec une clientèle âgée. 

« C’est un public qui me captive, parce qu’ils ont tellement à nous donner. Et ce n’est pas parce qu’ils sont âgés qu’ils sont vieux. Au contraire, ils sont joviaux, ils sont drôles. Nous avons eu beaucoup de plaisir, on éclatait de rire et ça passait tellement vite. »   

Marcelo Martins est un artiste textile impliqué et passionné et actif dans la région depuis plusieurs années. Avec Tisser la mémoire, il souhaitait d’abord créer une connexion profonde avec les résidents. À travers l’aventure de 12 semaines, il a transmis des techniques patrimoniales, dont le tissage, le cardage de la laine et la modélisation. De ce processus est né l’installation sculpturale tissée à partir des techniques transmissent.  

Révélation des souvenirs  

Un des objectifs du projet était d’amener ses collaborateurs à développer leur motricité fine et à vivre des moments de vulnérabilité. « À la fin de chaque atelier, dans leur cahier, je les invitais à réfléchir sur la mémoire. Qu’est-ce que ces techniques ancestrales et patrimoniales leur reflétaient? », explique le médiateur. Ses réflexions ont permis aux participants d’illustrer leur souvenir et de les sculpter à partir de grillage de métal. Rassemblés en petit groupe, les résidents ont eu l’occasion d’apprendre à se connaitre. 

Joueur dans l’âme, l’artiste a développé un processus intime et ludique qui permet de se connecter à ses émotions par le jeu. Cet atelier était le coup de cœur des artistes en herbe.  

« Ils ont d’abord créé leur autoportrait, en grillage. Ensuite, je les ai invités à tisser dans des triangles. Et là, on a travaillé les émotions à l’aide des couleurs, chaque fils les représentant. Qu’est-ce que les couleurs chaudes, les couleurs froides représentent? Et comment ces couleurs représentent-elles nos émotions? L’effet de jouer avec les couleurs, ça nous permet d’aller plus profondément dans ce qu’on est. C’est l’atelier le plus amusant, ça a duré quatre heures », explique-t-il. 

Jean-Yves Demers, résident du Chartwell, confie qu’au départ, il pensait quitter l’aventure : « J’ai décidé de persévérer et je suis content de l’avoir fait. J’ai développé ce côté-là chez moi que je n’avais jamais développé d’aucune autre façon. On découvrait nos sentiments et pour un homme, ce n’est pas toujours évident », explique-t-il.  

Pour sa femme, Georgette Léveillé Demers, c’était l’occasion de se redécouvrir. « J’ai appris la ténacité. Je pensais que je n’en avais plus », explique celle qui a fait de belles rencontres grâce à cette activité. 

Des souvenirs à contempler 

Le projet comptait 12 résidents et seulement cinq ont terminé l’aventure. L’œuvre naïve, qui est ressortie du processus, représente chacun des souvenirs des participants, rassemblés pour créer un grand tableau sculptural. « Chacun des participants a créé son propre tableau, à partir de son histoire. Je les ai ensuite réécrits de façon poétique dans un carnet souvenir », mentionne Marcelo Martins, qui a créé un livret photo. 

Ce projet s’inscrit dans le cadre de l’entente de développement culturel de la ville de Terrebonne. « Concevoir et réaliser des œuvres d’art dans un milieu de vie pour personnes aînées était l’objectif principal », explique Mélanie Desmarais, conseillère aux activités volet arts et culture pour la Ville. 

Tisser la mémoire a permis aux résidents de sortir de l’isolement et d’apprendre de nouvelles techniques. La suite pour l’œuvre est encore à déterminer. Marcelo Martins conclut : « je veux qu’elle dure longtemps parce qu’elle a beaucoup à dire ». 

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