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13 janvier 2023

Naomie Briand - nbriand@medialo.ca

Et si nous étions mieux outillés pour recevoir les confidences?

AGRESSIONS SEXUELLES

L’agression sexuelle : comment réagir lorsqu’on vous la confie, lorsqu’on vous la nomme? Difficile de prédire, surtout si la victime est votre enfant. Des jeunes filles de la région ont choisi de témoigner de leur expérience personnelle à travers deux vidéos. Le but : conscientiser le public, certes, mais aussi les intervenants à l’importance de bien recevoir ce genre de confidences très intimes et bouleversantes. La Revue les a rencontrées.

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©courtoisie

La participation au tournage de la vidéo a inspiré cette affiche à Ocean.

Quatre jeunes filles comme vous en croisez chaque jour dans la rue. Malgré leur jeune âge, elles ont toutes vécu des agressions sexuelles et fait partie de groupes de thérapie. Pour Julia, Ocean, Emma et Sara (noms fictifs), l’agresseur était tantôt un beau-père, tantôt un proxénète rencontré sur Internet. Trois d’entre elles ont choisi de porter leur cause devant la justice, avec tout ce que cela comporte. Leurs histoires sont différentes, mais un point commun les lie : elles veulent que la société sache mieux recevoir les confidences en matière d’agression sexuelle. Parce que selon elles, nous sommes totalement à côté de la plaque.

« Cette vidéo représente ce que les gens disent quand on se confie », lance Ocean. « C’est pour envoyer un message aux parents, à d’autres victimes, aux policiers, c’est de la sensibilisation », ajoute Emma. Souvent, témoignent-elles, les gens n’ont pas la bonne réaction, nient les faits, peuvent aller jusqu’à mettre en doute la véracité du récit. « Ça explique pourquoi elles hésitent à dénoncer, pourquoi ça prend du temps. Il est prouvé que de dénoncer, ça prend plusieurs tentatives », confirme Mélanie Langlois, intervenante sociale au CALACS La Chrysalide, qui les accompagne pour l’entretien.

« J’avais peur de raconter, peur de savoir que ce qui m’était arrivé était aussi grave », de dire Julia. Certaines disent avoir reçu un accueil peu chaleureux de la part de policiers, notamment. Après la confidence, souvent, pas de demi-mesure : « On se sent soit plus légère, soit plus lourde. »

La réception du dévoilement a souvent « un impact sur le rétablissement », précise Mélanie Langlois, convaincue que les deux vidéos auront des retombées positives en ce sens.

Plus fréquent qu’on pense

Les statistiques sont claires : le tiers des femmes feront un jour face à une agression sexuelle, et 86 % connaissent leur agresseur. « Les hommes s’en permettent beaucoup », estime Sara. « C’est trop normalisé. On en parle tellement partout, dire qu’on ne savait pas n’a pas le droit d’exister, selon moi », ajoute Julia. Selon elles, on doit changer le discours et parler davantage du rôle des témoins. « À quand cette responsabilité-là d’intervenir quand on voit un gars dans un bar qui paie des verres à une fille et qui la saoule? » invite à réfléchir Mélanie Langlois.

L’intervenante et l’équipe du CALACS accompagnent chaque année des dizaines de femmes dans leur processus de guérison, en devenant un refuge pour elles. « Ici, on a le droit de dire "agression sexuelle" », mentionne simplement Mme Langlois, en posant les yeux sur ses protégées, avec fierté et bienveillance. « Je suis en admiration devant elles. Elles ne se rendent pas compte de tout le travail accompli dans ce difficile processus. » Et les jeunes filles de lui rendre un regard complice. Et apaisé.

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