Des professionnels de l’éducation dénoncent les compressions budgétaires

  • Publié le 7 juill. 2025 (Mis à jour le 7 juill. 2025)
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Alors que la cloche annonçant les vacances retentissait, un voile noir se déposait sur la frénésie estivale qui habite d’ordinaire les équipes-écoles à cette période de l’année. Les restrictions budgétaires annoncées par le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, pèsent sur le moral. Les questions taraudent l’esprit des enseignants, des professionnels et du personnel de soutien des écoles. Pourront-ils assurer la même qualité de services aux élèves l’an prochain ? La réponse leur apparaît évidente : non.  

Des 570 M$ en compressions exigées à l’ensemble du Québec, la part de tarte du Centre de services scolaire des Affluents (CSSDA) s’élève à un peu plus de 7,4 %, soit 42,2 M$. Cette nouvelle est arrivée comme un coup de masse dans les écoles qui se voient déléguer l’odieuse tâche de choisir dans quels projets ou quelles ressources elles mettront le sabre pour se soumettre aux exigences du ministère.

C’est qu’avant même l’imposition de ces efforts budgétaires, les défis étaient déjà bien présents; que ce soit en lien avec la pénurie d’enseignants qualifiés ou le manque de soutien professionnel pour répondre aux besoins de tous les élèves en difficulté. « Vous savez ce qu’on dit : on laisse de côté certaines personnes parce qu’on ne peut pas tous les sauver. C’était déjà comme ça avant les coupures », annonce Josée (nom fictif), orthopédagogue au CSSDA.

Les services aux élèves amputés

Selon elle, la situation ira de mal en pis, après les coupures annoncées. Si elle peut l’affirmer, c’est qu’un gel d’embauche a été décrété pour la plupart des professionnels œuvrant en milieu scolaire. Ainsi, les postes non comblés à ce jour le demeureront et les futurs départs ne seront pas remplacés. C’est notamment le cas pour les orthopédagogues, psychologues, orthophonistes, conseillers en orientation et conseillers pédagogiques.

Or, pour Josée, la catastrophe est prévisible. « Les services aux élèves vont être affectés », est-elle convaincue. Alors qu’elle observe ces dernières années une hausse des troubles du langage chez les petits, l’orthopédagogue ne peut s’imaginer de quelle manière les équipes réduites pourront répondre aux besoins qui ne cessent de grandir. « Il y a déjà certains élèves qu’on ne prenait pas, parce qu’il y en avait des plus poqués. On laisse ceux qui sont plus ou moins corrects, mais ils ne sont pas corrects… », se désole-t-elle.

À tout le moins, la mesure d’aides à la classe pouvait offrir à ces enfants un soutien un peu plus individualisé en classe. Toutefois, à ce jour, professionnels et enseignants ne savent dire si les aides à la classe seront remplacées advenant un départ. « C’est ultra préoccupant », abonde dans le même sens, Martine (nom fictif), conseillère pédagogique au CSSDA.

Moins de soutien aux enseignants

Enseignante au primaire durant plusieurs années, Martine s’assure aujourd’hui de faire le lien entre la recherche et le terrain afin que les meilleures pratiques en matière d’enseignement atterrissent dans les classes. L’an prochain, l’équipe de Martine passera à elle seule de cinq à trois membres, et ce, en pleine révision du programme en français.

« En ce moment, on a entre huit et neuf écoles qu’on se partage sur le territoire. L’an prochain, soit il y aura des écoles orphelines, soit on essaie de se répartir, mais ce ne serait pas efficace de papillonner d’une école à l’autre », reconnaît la conseillère pédagogique. Résultat : moins d’accompagnement pour les enseignants qui devront s’approprier « sur le tas » les nouvelles exigences du programme.

De plus, Martine évoque la dangerosité des prises de décision dans l’urgence d’agir. Formation, achat de livres, sorties scolaires et activités culturelles; ce sont tous des budgets qui pourraient passer sous le couperet l’an prochain. Or, tout cela pourrait entraîner des conséquences importantes sur la réussite des élèves, au même titre que l’accès plus restreint aux professionnels.

« L’enjeu c’est la démoralisation, le manque d’estime de soi. Au secondaire, c’est la motivation, le décrochage scolaire, les gangs de rue. Tout ça déboule. Nous, on essayait de retenir ces enfants-là pour qu’ils restent à l’école », ajoute Josée, l’orthopédagogue. Laisser davantage d’enfants dernières n’augure rien de bon pour le décrochage scolaire, croit-elle. « En tant qu’enseignante, je sais qu’on va vouloir essayer d’offrir le même service, sans le budget. On va être dans l’épuisement », résume enfin tristement la conseillère pédagogique Martine.

Le CSSDA réagit

De son côté, le Centre de services scolaire des Affluents indique qu’ « un travail de réflexion est en cours afin d’adapter nos façons de faire, et ce, tout en ayant la volonté de maintenir notre engagement envers la réussite des élèves. Nos équipes, tant dans les établissements que dans les services administratifs, collaborent activement pour évaluer différentes pistes de solution. Cependant, il est certain qu’une rationalisation de l’ensemble de nos services est attendue au terme de nos réflexions ».

Une mobilisation s’organise

Parallèlement à l’inquiétude qui règne dans le milieu de l’éducation, un regroupement réunissant les principaux syndicats du milieu est né : « Ensemble, unis pour l’école ». Dans la région de Lanaudière, enseignants, professionnels, directions, parents et citoyens devaient se rassembler devant les bureaux du premier ministre François Legault, à L’Assomption, ce mercredi 9 juillet dès 16 h 30, afin de demander au gouvernement de renoncer à ces restrictions budgétaires.

 

*Des noms fictifs ont été utilisés afin d’éviter tout préjudice aux professionnels de l’éducation qui se sont confiés à l’Hebdo Rive Nord.

 

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