Rehausser le financement des centres de prévention du suicide : une question de vie ou de mort

  • Publié le 27 avr. 2023 (Mis à jour le 29 avr. 2025)
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Face à une situation devenue insoutenable, le Centre de prévention du suicide de Lanaudière (CPSL) interpellait, le 19 avril, le Centre intégré de santé et de services sociaux de Lanaudière, de même que le ministère de la Santé et des Services sociaux, afin que soit rehaussé de manière significative et récurrente le financement octroyé à la mission des centres de prévention du suicide, et que les règles d’attribution du financement dans le cadre du Programme de soutien aux organismes communautaires soient revues en tenant compte de la réalité et des heures de service du CPSL.

En effet, la directrice en place, Joyce Lawless, constate avec désolation l’insuffisance des sommes qui leur sont actuellement versées pour offrir des services à la population 24 heures par jour et 7 jours par semaine. Épuisement des troupes, pénurie de main-d’œuvre, salaires peu alléchants : les facteurs plaçant l’organisme en situation de précarité se multiplient. « En 2020, le salaire que nous étions en mesure d’offrir à nos intervenantes était de 18 $/h. Nous avons pris l’initiative de le bonifier à 25 $/h, mais c’est encore insuffisant », expose Mme Lawless.

Le Centre emploie présentement neuf personnes à temps plein, dont six intervenantes. « Nous avons besoin d’au moins 14 postes, dont dix en intervention », plaide la directrice. À ce stade-ci, cette dernière appréhende la gravité des conséquences que poserait pour l’organisme un nouveau départ parmi ses employés. « À formation égale, et pour un horaire et des tâches moins contraignants, nos partenaires du secteur public offrent souvent de meilleures conditions salariales », s’inquiète-t-elle. Et malgré qu’elle demeure insuffisante pour assurer l’attraction et la rétention du personnel souhaitées, la hausse salariale offerte par le CPSL, sans financement conséquent, n’est pas exempte de répercussions.

Services en péril

Afin de maintenir le plus grand nombre d’heures possibles assurées par les intervenantes du CPSL sur la ligne 1 866-APPELLE, l’organisme a mis en place plusieurs actions visant à pallier le manque de fonds. Pour absorber les dépenses supplémentaires en salaires, le CPSL a notamment dû mettre sur pause ou ralentir plusieurs services et activités, tels que son colloque annuel, la route agricole, certaines activités de formation et les activités de sensibilisation de la Semaine de prévention du suicide. De plus, le poste d’agente de développement et communication a été aboli pour une durée indéterminée, posant des enjeux supplémentaires, entre autres pour la visibilité des services dispensés par l’organisme.  « On met un frein à des initiatives qui ont du sens, qui sont utiles et pertinentes. Ce sont des décisions douloureuses. On tente de rester connectés au sentiment qu’on fait le mieux qu’on peut avec les moyens que nous avons. »

En dépit des efforts déployés pour maintenir la tête hors de l’eau, Joyce Lawless déplore que l’aide supplémentaire requise n’aboutisse pas, empêchant l’organisme de réaliser pleinement sa mission : rien de moins que de sauver des vies. « Dans l’idéal, on recevrait à la mission environ le double de ce qu’on a présentement, donc autour de 600 000 $ de plus. Pour un centre de prévention du suicide qui couvre toute la région 24/7, et qui déploie des services autant au niveau de la prévention que de l’intervention, ce n’est pas du luxe. »

Faute de ressources suffisantes, le CPSL s’est vu dans l’obligation de transférer les appels de Lanaudois en détresse, de proches inquiets ou endeuillés à un autre centre de prévention du suicide sur des périodes allant jusqu’à 18,5 heures par jour au cours des derniers mois. Dans les conditions actuelles, l’organisme peine de plus en plus à couvrir ses 16 heures quotidiennes de service ; les nuits étant déjà assurées par un autre centre depuis 2018, dans le but de réinjecter les salaires économisés dans le déploiement d’autres services, en prévention notamment.

Une ressource indispensable

Plus d’heures de transfert signifient donc moins d’expertise locale pour répondre aux Lanaudois qui appellent à l’aide, alerte Mme Lawless. Et bien que la ligne demeure en service en tout temps pour les gens de la région, il n’en reste pas moins que tous les autres services amputés font avorter plusieurs opportunités de rejoindre des personnes fragilisées.

Rappelons que chaque année, le CPSL répond en moyenne à 3 500 appels. Malgré les efforts déployés, la région de Lanaudière enregistrait 71 décès par suicide en 2020. Au cours des dernières années, les statistiques ont toutefois démontré une tendance à la baisse, témoignant de l’impact positif et du caractère indispensable du travail des intervenants de l’organisme.

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