Madeleine Jean : 40 ans au service de l’apprentissage du français

Il y a 40 ans, un groupe de cinq femmes, dont Madeleine Jean, fondaient un nouvel organisme appelé à rendre les gens plus autonomes en leur prodiguant les notions du français écrit et l’apprentissage de la lecture dans un seul but, soit le développement de la personne et l’amélioration de ses conditions de vie.

L’ABC des Manoirs a vu le jour en 1983 parce que Mme Jean et ses collègues jugeaient que l’apprentissage du français à l’éducation aux adultes n’était pas adéquat. « On trouvait que les enseignants allaient trop vite pour certains élèves. Le rythme de chacun n’était pas respecté. Il fallait corriger la situation. Nous sommes allées voir l’organisateur communautaire de l’époque et nous avons soumis l’idée de mettre sur pied un organisme dédié à l’apprentissage du français. Il nous a donné tous les renseignements nécessaires, les programmes d’aide financière existants, et nous avons alors emménagé dans des locaux prêtés par la Ville de Terrebonne », relate Mme Jean. La mission d’apprendre le français afin que des personnes puissent mieux fonctionner en société pouvait dès lors se mettre en branle.

Madeleine Jean a débuté comme formatrice à l’ABC des Manoirs. « Je voulais conserver la qualité de mon français. J’avais de la difficulté avec mes règles. C’était une façon pour moi de garder mes apprentissages actifs », explique-t-elle.    

Générosité

Deux ans plus tard, une personne qui avait bénéficié des cours de l’ABC des Manoirs, et qui était propriétaire de plusieurs bâtisses, a permis que l’organisme emménage dans des locaux plus adéquats, lui donnant l'espace nécessaire pour former de petits groupes. « M. Pépin a été très généreux. Il nous permet de nous loger dans cette bâtisse depuis 38 ans à faible coût. Il nous a loué le plancher pour des peanuts (sic) en gage de reconnaissance », souligne Mme Jean, qui ajoute que ce dernier n’a jamais voulu que l’organisme lui donne des reçus de dons pour l’impôt.

Depuis 10 ans, des centaines de personnes sont passées par l’ABC des Manoirs. « En une année, on peut accueillir environ 200 personnes », soutient Mme Jean, qui ajoute que L’ABC des Manoirs donne aussi des cours de francisation. En plus des cinq à six employés qui y travaillent, l’organisme peut compter sur de précieux bénévoles.   

Sentiment de fierté

Ce qui a le plus réjoui Madeleine Jean au cours de toutes ces années, c’est la grande fierté qu’ont retirée les personnes qui sont passées par l’ABC des Manoirs. « Certaines personnes venaient nous voir avec un sentiment de honte de ne pas savoir ni lire, ni écrire. Elles avaient peur d’être jugées. Il fallait voir leur regard quand elles réussissaient à lire un texte. Leurs visages devenaient brillants de fierté, tellement elles étaient contentes de leur réussite. »

Pour Mme Jean, ces années ont signifié du travail, bien sûr, mais aussi et surtout, du plaisir et la satisfaction d’avoir aidé des gens à mieux s’intégrer, à mieux fonctionner en société et à mieux composer avec les nouvelles technologies.

Âgée de 75 ans, Madeleine Jean laisse maintenant son poste de directrice de L’ABC des Manoirs pour travailler auprès des enfants avec d’autres organismes, histoire de continuer de se garder en forme physiquement et mentalement.