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07 novembre 2018

Pénélope Clermont - pclermont@lexismedia.ca

Un rôle que portent aussi les hommes

Marcel n’aime pas avoir les regards tournés vers lui. Il tait son nom et s’assure qu’on ne prenne pas de photo de lui non plus. Pas étonnant qu’il oublie une partie de lui-même pour s’occuper de sa femme depuis près de 15 ans. S’il accepte de parler à La Revue, c’est pour montrer qu’un homme aussi peut devenir proche aidant et être dépassé par les événements.

«La plupart du temps, nous, les hommes, on a plus de misère à admettre qu’on a besoin d’aide. On ne veut pas non plus voir entrer des gens dans notre vie, qu’ils se demandent si on est capable ou non de s’occuper de notre femme. Alors, tu évites», dévoile-t-il en se basant sur sa propre expérience. Si le CLSC ne va chez Marcel que depuis un an, à raison de trois fois par jour, celui-ci porte le titre de proche aidant depuis près de 15 ans. Depuis que sa femme, aujourd’hui âgée de 67 ans, est atteinte d’Alzheimer. «La maladie est officiellement déclarée depuis 10 ans, mais elle était présente avant», souligne l’homme qui s’en occupe du matin au soir. «Elle est mieux chez moi, j’ai du temps à lui donner. Ça peut me prendre 1 h 30 la nourrir, mais je m’en fous. Si elle a besoin d’être changée, je suis là. Même chose s’il y a un problème dans la nuit», dévoile-t-il, alors qu’il obtient du répit les mardis et jeudis, grâce à la Coopérative d’aide à domicile Les Moulins. S’estimant chanceux, le Terrebonnien n’aime pas comparer sa réalité à celle des autres proches aidants dont la situation peut être plus précaire. «Il n’y a pas beaucoup d’hommes âgés de 65 ans et plus qui ont changé des couches. Quand ta femme devient incontinente ou que tu dois faire à manger, ce n’est pas facile. Pour moi, ce n’est pas un fardeau. J’ai même toujours adoré cuisiner», confie le père de trois filles. Il n’en demeure pas moins que la charge mentale demeure importante pour le Moulinois de 68 ans, qui admet avoir mis de côté sa propre santé au profit de celle de sa femme. «C’est plus dur que ce que tu avais prévu», s’interrompt-il à cause de l’émotion qui monte lorsqu’il se remémore l’annonce du diagnostic. «On sort de là… écrasé», renchérit-il, tout en critiquant le manque d’informations et de ressources fournies. «À partir du moment où ma femme a été diagnostiquée, pourquoi le CLSC n’a-t-il pas été avisé et que personne n’est venu à la maison? Ça a pris 8 ans avant qu’une ergothérapeute vienne», blâme-t-il. Cependant, le pire dans cette dure réalité demeure le départ de l’être cher. Un départ lent, subtil d’abord, puis cruel éventuellement. «Un jour, on était assis ensemble et il m’est venu une image. Quand une personne meurt, tu peux avoir l’impression qu’elle est là, avec toi. Là, j’avais l’impression de vivre l’inverse. Son corps est là, mais je sens qu’elle s’en va. Ça, c’est rough. Ça me fait réaliser que ce qui fait une personne, ce n’est pas ses yeux ou son visage, c’est ce qu’elle projette, ce que je sens d’elle. C’est un deuil que je fais petit à petit, c’est un deuil qui est lent», conclut le mari dévoué.   Lisez aussi : https://www.larevue.qc.ca/de-mere-a-proche-aidante/

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