Les producteurs agricoles veulent faire entendre leur voix 

Pascal Forest, Marcel Papin et Martin Caron. 

Photo Médialo - Mélissa Blouin
Pascal Forest, Marcel Papin et Martin Caron. Photo Médialo – Mélissa Blouin

Réunis à l’occasion du congrès régional, les membres de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de Lanaudière ont réaffirmé l’urgence d’un soutien accru aux secteurs agricoles et forestiers du Québec. Le président général de l’UPA, Martin Caron, a profité de l’événement pour rappeler que les investissements actuels sont largement insuffisants pour répondre aux besoins réels du milieu. 

« Les gouvernements à travers le monde consacrent en moyenne 2 % de leurs dépenses à leur agriculture, alors que les soutiens québécois et canadien ne dépassent toujours pas 1 %. Il est impératif de rectifier le tir. » 

Au cœur d’un récent sondage, il était révélé que 94 % des Québécois considèrent que le secteur agricole joue un rôle important dans l’économie et la vitalité des régions. L’UPA évoque que cette reconnaissance populaire demande des investissements à la hauteur des attentes et du potentiel de chaque secteur de production, et cela, bien au-delà du milliard de dollars annoncé pour la mise en œuvre de la Politique bioalimentaire 2025-2035.  

Le revenu net agricole a vécu un effondrement, passant de 1,2 G$ en 2021 à seulement 29 M$ en 2024 et la dette agricole a atteint un record de 32 G$. M. Caron évoque que la situation actuelle est du jamais vu et que le Québec était pourtant, il y a dix ans, un leader à travers le Canada. « Nous en sommes arrivés là car le financement n’a pas suivi les enjeux. »  

Les producteurs doivent effectivement faire face à de nombreux défis, comme les changements climatiques et les nouvelles technologies. De plus, les prix des intrants ont augmenté entre 40 et 55% et le coût de la main-d’oeuvre de plus de 30%.  

« Ça va prendre un programme pour nous soutenir… Investir en agriculture et en foresterie, c’est aussi miser sur des secteurs d’avenir qui permettent de créer des milliers d’emplois en région, de développer le territoire, d’innover et de nourrir durablement les consommateurs d’ici et d’ailleurs. Un appui indéfectible des gouvernements est nécessaire pour assurer le plein développement de ces secteurs stratégiques. »   

 Transition écologique et tarification carbone 

En plus d’un rehaussement substantiel des budgets consacrés à l’agriculture, l’UPA réclame, comme mesures concrètes et immédiates, un soutien direct à la transition écologique ainsi que le remboursement des 482 M$ que les agriculteurs ont versés depuis 2013 au Fonds d’électrification et de changements climatiques.  

« L’endettement du secteur ne cesse d’augmenter et on demande aux producteurs d’investir massivement dans la transition écologique. Ce sont des investissements qui sont souvent non rentables et rarement exigés ailleurs. Cette réalité met directement en danger la viabilité de nos entreprises et ultimement, l’autonomie alimentaire du Québec », a déploré, à son tour, le président de la Fédération de l’UPA de Lanaudière, Marcel Papin. 

Finalement, l’UPA demande aussi comme priorité un remboursement des coûts associés à la tarification carbone, une mesure unique au Canada. « Ça fait des années qu’on paye ces tarifs quand on achète du diesel, du propane et du gaz naturel et ce sont des frais que le reste du Canada et les autres pays n’ont pas », a expliqué M. Caron.  

Le président des Producteurs de légumes de transformation de la Rive-Nord et du Syndicat UPA Achigan-Montcalm, Pascal Forest, a continué en stipulant que ce genre de normes, qui ne sont pas exigées ailleurs, nuisent grandement aux producteurs. 

« On voit la compétition qui arrive de l’extérieur de la province et du pays. Des produits d’Asie, par exemple, qui sont offerts à environ 30% de moins que les nôtres parce qu’ils ne sont pas soumis aux mêmes exigences. Sans soutien et sans politiques conséquentes de nos gouvernements, c’est certain qu’il y a des entreprises qui ne passeront pas au travers, il peut y avoir des dommages irréversibles. » 

M. Forest a donc rappelé l’importance de l’achat local, « je ne crois pas que l’on peut se permettre d’être nourris par des pays extérieurs. » 

 Une mobilisation constante 

Les producteurs s’étaient déjà mobilisés, au printemps 2024, afin de demander une aide d’urgence au gouvernement. Près d’un an et demi plus tard, ils dénoncent que le soutien adéquat se fait toujours attendre.  

L’UPA poursuivra ses démarches pour que les gouvernements reconnaissent pleinement la valeur stratégique de l’agriculture et de la foresterie, de même que leur rôle essentiel dans la résilience économique, sociale et environnementale du Québec.  

« En ce moment, la situation financière de nos entreprises agricoles est alarmante. Ces conditions compromettent sérieusement la pérennité du secteur et les transferts des entreprises agricoles, alors que 78% de celles-ci n’ont pas de relève. » 

L’UPA mentionne que les demandes qu’elle réclame sont essentielles pour assurer un avenir durable et prospère aux régions du Québec. Surtout dans un contexte où les réalités économiques et climatiques demandent une grande adaptation. « Malgré tout, nous aimons faire de l’agriculture et nous n’avons vraiment pas l’intention de lâcher », a terminé M. Papin. 

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