« C’est une question de survie » : le maire de Saint-Lin–Laurentides renonce à un second mandat

Après 12 ans comme conseiller et 4 ans comme maire, Mathieu Maisonneuve prendra une pause en politique. Photo Médialo - Julien Tilmant
Après 12 ans comme conseiller et 4 ans comme maire, Mathieu Maisonneuve prendra une pause en politique. Photo Médialo – Julien Tilmant

Élu en 2021 à la tête de Saint-Lin–Laurentides, Mathieu Maisonneuve a annoncé qu’il ne se lancerait pas dans une nouvelle campagne lors des élections municipales prévues le 2 novembre 2025. Une décision qu’il qualifie de nécessaire pour préserver sa santé, après une période éprouvante sur le plan humain.

 

En politique, il est souvent facile de s’accrocher à un mandat que de le quitter quand la situation semble l’exiger. Pourtant, Mathieu Maisonneuve, le maire de Saint-Lin–Laurentides, a officialisé cette difficile décision : terminer son mandat et faire une pause. Un choix personnel en réponse à un milieu parfois cruel.

« Pour moi, c’est devenu une question de survie », affirme-t-il d’entrée de jeu. Le déclic de tout arrêter survient en novembre 2023, lors d’un rendez-vous médical tout à fait banal. Le médecin partage son inquiétude et le verdict tombe : le maire souffre d’un état temporaire de détresse psychologique appelé « trouble de l’adaptation ».

La politique : un monde cruel

 

« Il y avait beaucoup de choses qui ne fonctionnaient pas autour de moi, et je me demandais ce qui n’allait pas. Ça m’a fait prendre conscience que je devais me reposer, consulter, essayer de comprendre ce qu’il se passait », confie Mathieu Maisonneuve. Très vite, il identifie la source de son épuisement : la politique. « Tous mes problèmes venaient de là, et surtout des êtres humains qui utilisent des tactiques qui ne sont pas dans mes jeux de cartes à moi ni dans mes valeurs. »

Le maire évoque avec gravité l’accumulation de trahisons, de micro-agressions, de jeux de pouvoir et de méchanceté ordinaire. « J’ai donc pris trois mois de pause en 2024. Mais, le problème, c’est qu’en politique, quand tu montres un peu de faiblesse, il y a des gens qui vont essayer de t’achever. »

Au plus fort de cette crise, l’idée d’abandonner en cours de mandat lui traverse alors l’esprit. Mais des échanges avec son entourage, et notamment avec France Bélisle, l’ancienne mairesse de Gatineau qui avait elle-même quitté ses fonctions prématurément, l’aident à avancer. « Dès le moment où je me suis dit que, dans tous les cas ; je n’étais pas obligé de me présenter en 2025, cette envie de démissionner est partie. » Entrevoir une fin claire et prochaine lui donne l’élan nécessaire pour poursuivre jusqu’au bout ce mandat dont il ne voulait plus.

Une flamme ravivée

 

Si la flamme n’était pas tout à fait éteinte, ce sont les élans de solidarité des Saint-Linois qui ont porté Mathieu Maisonneuve. « Beaucoup de gens, même ceux que je ne connaissais pas, m’écrivaient pour me demander de me représenter. Je suis un peu senti comme prisonnier, car mon job de maire, c’est quelque chose que j’aime par-dessus tout. Être en charge d’une ville, c’est motivant. Après autant d’efforts, on voit les résultats et les équipes sont plus performantes. » Il hésite donc longuement, jusqu’à ce que la décision tombe, en mai 2025 : il ne se représentera pas.

Pour évoquer cette fin de carrière et illustrer son approche de la politique municipale, Mathieu Maisonneuve a choisi sur un lieu symbolique de son mandat : la Côte de la mort, une portion de la Côté Saint-Ambroise.

Cette route dangereuse, connue des habitants pour ses nombreux accidents, notamment en hiver, a été entièrement réaménagée sous son mandat. « Un riverain est venu à l’hôtel de ville demander de l’aide et bien que ce chemin n’était pas dans nos propositions de base, nous nous en sommes préoccupés, car c’était une question de sécurité. » Un investissement de 100 000 $ et quelques semaines de travaux ont permis de sécuriser un secteur oublié. Pour lui, c’est l’essence même du rôle d’un élu local : « Les grands projets sont importants, mais ces petites choses-là peuvent aussi changer la vie des gens. Et c’est ça qui me manquera »

Partir la tête haute

 

Et s’il est fier de ces « petites réalisations », il s’enorgueillit aussi d’avoir marqué la vie municipale à travers de plus gros projets. Parmi ceux dont il est le plus fier, le maire cite la création du Carrefour du citoyen. Un lieu qui centralise les services municipaux et simplifie les démarches administratives pour les citoyens. Il évoque aussi les progrès dans les relations avec les partenaires institutionnels et le renouveau de la réputation de Saint-Lin–Laurentides.

Mais ces fiertés ne font pas oublier les blessures. « En entreprise, j’étais capable de me protéger. À Saint-Lin, je n’ai pas su faire pareil. Ce qui devait être des qualités (ma sensibilité, mon empathie) s’est retourné contre moi. »

Aurait-il pu changer les règles du jeu et repartir avec une nouvelle équipe ? Sans doute, mais il n’en a plus l’énergie. « Lors de la dernière campagne, je me suis donné à 200 %. C’était trop. Aujourd’hui, ce ne serait plus possible. J’aurais pu recommencer par ego, mais je n’ai plus rien à prouver, surtout après 12 ans comme conseiller et 4 ans comme maire. » Il part donc avec le sentiment du devoir accompli : « Je suis fier de laisser une ville avec moins de difficultés qu’au moment où je l’ai trouvée. »

Loin de l’amertume, c’est un message de prudence et de respect pour le rôle de maire qu’il adresse à son (ou sa) successeur. « De manière globale, je plains toute personne qui se lance en politique, car ce n’est vraiment pas simple. Mais si la personne a de bonnes valeurs, fait les choses avec le cœur, alors ça se passera. Il faut juste qu’elle soit bien outillée. »

Quant à la suite, aucun plan de prévu. « Je vais reposer, prendre une vraie pause. Je suis incapable de dire ce que je ferai. J’ai beaucoup de passions, j’ai acquis des compétences grâce à ce mandat, alors je sais que je retomberai sur mes pieds ».

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