Le logement, un obstacle majeur à l’intégration des nouveaux arrivants

Hassiba Idir, directrice d’AMINATE. (Photo Médialo - Julien Tilmant)
Hassiba Idir, directrice d’AMINATE. (Photo Médialo – Julien Tilmant)

Face à la pénurie de logements abordables, les personnes immigrantes peinent à s’établir sur le territoire. Hassiba Idir, directrice d’AMINATE, organisme d’accueil pour les nouveaux arrivants à Terrebonne et Mascouche, dresse un portrait préoccupant de la situation.

Si la recherche d’emploi demeure une étape difficile pour les nouveaux arrivants, elle n’est plus la plus compliquée. En effet, depuis quelques années, l’accès au logement est devenu véritablement problématique.
« Ce qui était autrefois un obstacle secondaire est aujourd’hui un enjeu crucial. Sans logement ni adresse fixe, impossible de commencer sa nouvelle vie », résume Hassiba Idir, directrice d’AMINATE.

Des solutions temporaires qui s’éternisent

À leur arrivée, ces personnes comptent souvent sur un proche pour les héberger. Mais cette solution temporaire a de plus en plus tendance à s’étirer : « Avant, on restait une à deux semaines dans cette situation. Aujourd’hui, ça peut durer plusieurs mois, ce qui engendre des tensions », constate-t-elle.
Une situation qui complique l’intégration puisque l’absence d’une adresse fixe bloque de nombreuses démarches administratives comme l’inscription scolaire des enfants ou encore les demandes de documents officiels. Et quand un logement se libère, son prix peut être un choc : « Voir un 2 et 1/2 à 1300 $ à Terrebonne, ce n’est définitivement pas normal. »

La MRC des Moulins n’est plus épargnée

Si les régions hors de Montréal étaient autrefois moins touchées par cette crise du logement, ce n’est plus le cas. « Même en s’éloignant, les loyers explosent. Et plus on va loin, plus on s’éloigne des infrastructures, notamment les transports. Sans voiture au début, c’est compliqué. » Pour certains, cela signifie marcher longtemps pour aller travailler, même en hiver.

Et les trois grands profils d’immigrants suivis par AMINATE (résidents permanents, travailleurs temporaires ou demandeurs d’asile) font tous face à la même rareté. « Un appartement bien situé et à prix correct, c’est comme une offre d’emploi : c’est celui qui a le meilleur dossier qui l’emporte. De plus, la rareté des logements sociaux accentue la pression et la concurrence féroce. Je me souviens d’une personne que nous avons suivie et qui a attendu dix ans pour en obtenir un. »

Des freins administratifs et culturels

À tous ces obstacles, s’ajoute un élément auquel un nouvel arrivant ne pense pas forcément : l’absence d’historique de crédit. « On peut arriver avec des économies, mais sans antécédents financiers, de nombreux propriétaires refusent de louer. » Faute de trouver leur bonheur et sans connaissance de la réalité québécoise du logement, certains acceptent donc de louer des logements insalubres.

Et la situation est d’autant plus difficile que certaines formes de discriminations persistent. « Cela n’est pas toujours lié à l’origine, mais c’est assez récurant que des propriétaires refusent de louer si la personne bénéficie de l’aide sociale ou si elle est sans emploi. »

Enfin, certaines réalités culturelles demandent aussi plus de souplesse. « Il y a des familles nombreuses qui peuvent vivre à dix dans un petit logement, ce qui est culturellement acceptable pour elles. Ici, ça rebute les propriétaires, mais ce sont souvent des solutions temporaires et ça, les loueurs doivent le comprendre. »

Des outils dédiés

Face à tous ces constats, AMINATE a conçu un guide complet sur le logement, à destination des migrants, mais aussi des propriétaires. « Il contient tout : types de logements, démarches, bail, entretien, vie communautaire, comment quitter un logement… Il y a même une page dédiée aux propriétaires. »

L’organisme propose aussi une liste de logements disponibles, partagée avec d’autres structures locales. Mais cela ne suffit pas toujours : « Quand une personne ne parle que l’arabe ou l’espagnol, il peut être difficile de faire les appels. Nous les aidons aussi à comprendre leur bail. » Et d’ajouter : « Aujourd’hui, la situation est si difficile qu’on voit des gens dormir dans leur voiture et ce n’est plus acceptable. »

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