Redonner confiance après un cancer du sein

  • Publié le 7 oct. 2024 (Mis à jour le 23 mai 2025)
  • Lecture : 3 minutes
Kim Desormeaux

Depuis 2010, Johanne Bérubé se consacre au tatouage paramédical, notamment dans Lanaudière, et accueille régulièrement des patientes ayant traversé des épreuves liées au cancer du sein. Mais au-delà de ses compétences techniques, c’est son vécu personnel qui fait d’elle une experte particulièrement empathique dans ce domaine.

En effet, elle a elle-même combattu un cancer du sein triple négatif, une forme agressive de la maladie. « Le fait d’avoir vécu cette épreuve me permet de comprendre en profondeur ce que mes clientes ressentent », confie-t-elle en entrevue avec La Revue. Cette expérience lui permet d’aborder chacune de ses clientes avec une sensibilité accrue et une approche centrée sur l’humain. Elle prend le temps de les écouter, de comprendre leur histoire et d’instaurer une atmosphère rassurante avant de passer à la phase de reconstruction.

Chaque patiente est unique, tout comme chaque parcours de guérison. Johanne Bérubé adapte ainsi son travail à chaque individu en prenant soin de respecter les besoins spécifiques de chacune. « Mon objectif est que mes clientes se sentent à l’aise et qu’elles retrouvent confiance en elles, tout en s’assurant qu’elles se sentent belles dans leur peau », explique la tatoueuse. Pour elle, il ne s’agit pas seulement d’un service technique, mais d’une véritable démarche de soutien émotionnel et psychologique.

Un art de précision

Le tatouage paramédical, notamment la reconstruction d’aréoles mammaires après une mastectomie, est un travail qui requiert une grande précision. Avant même de commencer, Mme Bérubé procède à une évaluation minutieuse de la cliente, incluant un dossier médical détaillé. Ensuite, elle utilise des gabarits pour recréer, autant que possible, l’apparence naturelle des seins. Si une seule aréole doit être refaite, elle veille à reproduire fidèlement la taille, la couleur et la symétrie de celle qui est intacte. Dans les cas où les deux seins ont été opérés, elle travaille à créer une harmonie naturelle, en s’appuyant sur des techniques de trompe-l’œil.

Le processus lui-même est artistique. Grâce à un jeu d’ombres et de lumières, l’esthéticienne de formation recrée l’apparence de l’aréole avec un effet de relief qui donne une illusion de profondeur. « Le tatouage paramédical n’est pas seulement une question de technique, c’est un véritable art, souligne-t-elle. Il faut savoir comment jouer avec les pigments et les nuances pour obtenir un résultat qui se fond parfaitement avec la peau ».

Des pigments médicaux spécifiques et approuvés

Contrairement à un tatouage traditionnel, la pigmentation réparatrice utilise des pigments médicaux spécialement conçus pour la peau sensible. Ceux-ci sont approuvés par la FDA, garantissant qu’ils sont sûrs pour les peaux fragilisées par des interventions chirurgicales. « Les pigments que j’utilise sont d’excellente qualité et spécifiquement adaptés à des applications médicales », explique-t-elle. Ces pigments sont soigneusement sélectionnés pour correspondre au teint naturel de la cliente, assurant ainsi une apparence réaliste et discrète.

En plus de la qualité des pigments, l’appareil utilisé pour le tatouage est lui aussi conçu pour respecter la sensibilité de la peau des patientes ayant subi une chirurgie. « La machine que j’utilise est douce et peu invasive, ce qui permet une expérience plus confortable pour mes clientes », poursuit-elle. L’objectif est de minimiser les sensations désagréables tout en obtenant un résultat optimal.

Une renaissance émotionnelle

Au-delà de l’aspect esthétique, la reconstruction d’aréoles par le tatouage a un impact émotionnel profond sur les patientes. Cette intervention marque souvent la fin d’un long processus de traitement, et pour beaucoup, elle représente une forme de guérison non seulement physique, mais aussi psychologique. Johanne Bérubé observe régulièrement des transformations chez ses clientes après la procédure. « Certaines patientes me disent qu’elles se sentent enfin complètes, qu’elles peuvent tourner la page sur cette période difficile de leur vie », raconte-t-elle.

Ce n’est pas seulement une question de retrouver l’apparence physique d’avant, mais de redonner un sentiment de normalité à des femmes qui ont souvent vu leur corps être transformé par la maladie. Le tatouage permet de reconstruire cette partie de soi qui a été perdue, apportant un profond soulagement émotionnel. La réappropriation de leur image corporelle devient ainsi une étape cruciale dans leur parcours de résilience.

« Ce que je fais va au-delà de l’esthétique. Je redonne aux femmes la confiance qu’elles pensaient avoir perdue. C’est un privilège pour moi de faire partie de ce processus de guérison. »

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Johanne Bérubé sélectionne la bonne couleur pour le tatouage.

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