Son cinquième hiver dehors

  • Publié le 29 déc. 2023 (Mis à jour le 29 avr. 2025)
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Kim Desormeaux

Nadine, 49 ans, affrontera l’hiver dans sa tente, à Terrebonne, pour une cinquième année consécutive.

Cette citoyenne de Terrebonne devra passer, encore une fois cette année, un temps des Fêtes et un hiver, seule, dans sa tente. Après avoir vécu durant quelques mois en 2018 dans sa voiture, Nadine s’est rapidement rendu compte qu’elle ne pouvait plus vivre ainsi, sa dernière option était de déménager dans la rue. « Je n’avais plus d’argent pour payer les frais associés à ma voiture en plus de mon épicerie et tout ce qui s’ajoute », raconte la dame.

Les malheurs de la vie

Ancienne propriétaire de deux entreprises et ayant des études universitaires, Nadine n’a pas été épargnée par la vie. Malheureusement, il y a quelques années, elle a été victime d’un accident de la route qui l’a gravement blessée au niveau des jambes. « Les médicaments me coûtaient tellement cher que je n’arrivais plus à payer mon épicerie et mon loyer. Tout était rendu éprouvant. C’est à ce moment que j’ai quitté mon logement pour vivre dans ma voiture avant de me retrouver totalement à la rue », poursuit-elle.

Mère de trois enfants et grand-mère de trois petits-enfants, Nadine n’a plus de contact avec sa famille aujourd’hui. « Aujourd’hui, ma famille, c’est moi. La seule personne sur qui je peux réellement compter, c’est moi. Heureusement, j’ai l’aide incroyable d’amis de la rue et des travailleurs de rue de l’organisme Le Trajet ».

Vivre dans la rue, c’est épuisant

Nadine doit faire face à des problèmes courants dans la rue. Le vol ou le bris d’effets personnels sont des fardeaux récurrents. « On m’a brisé mon triporteur qui me permettait de me promener, faire mes commissions et sortir de chez moi. Je ne peux pas vraiment me déplacer sans ça », explique-t-elle, clouée dans son lit dans sa tente.

Sans oublier l’accès aux différents soins qui sont très difficiles à obtenir lorsqu’une personne se retrouve en situation d’itinérance.

« Ce qui est très difficile aussi, c’est de trouver un accès à des toilettes en tout temps. Ça peut paraître futile pour bien des gens, mais pour nous, c’est tout un défi ».

Des nuits à -43 degrés

Pour Nadine, passer l’hiver dans sa tente est une réalité à laquelle elle est habituée. Toutefois, malgré son chauffage au propane et toutes les couches de couvertes et de manteaux, il arrive que rien ne puisse la réchauffer. « J’essaie de prévoir les nuits froides. Si les prévisions sont bonnes et que j’arrive à prévoir les sous nécessaires, je me rends dans une chambre de motel pour les nuits les plus froides. Sinon, j’essaie de me rendre dans un guichet automatique pour y passer la nuit. Mais il m’arrive de ne pas y arriver et de devoir passer ces nuits dans ma tente. Le plus froid que j’ai eu est -43 degrés », se confie-t-elle.

Réintégrer la société

Nadine a raconté avoir déjà tenté de réintégrer la société, mais sans succès. Elle mentionne que trouver un appartement lorsque « tu sens le fond de tonne et que tu as les cheveux gras » ne rend pas le processus plus facile. « Les personnes qui tendent la main aux personnes en situation d’itinérance se font rares. Réintégrer la société dans un monde où tout le monde est stressé, dans sa bulle et laisse paraître que tout va toujours bien, c’est difficile », raconte la femme.

Bien que Nadine subisse des revers de la vie, celle-ci garde espoir qu’un jour, la vague passera. « Je laisse passer la tempête et quand le bon moment arrivera, je réintégrerai la société adéquatement ».

L’itinérance n’est pas une maladie contagieuse

Nadine souhaite conscientiser la population à l’itinérance. Elle mentionne que les personnes en situation d’itinérance n’ont pas fait le choix de s’y retrouver, mais que ce sont bien des circonstances de la vie qui les ont menés à la rue. « J’aimerais simplement dire aux gens que l’itinérance n’est pas une maladie contagieuse. Lorsque vous nous voyez, faites-nous simplement un sourire ou dites-nous bonjour. Vous n’avez pas idée le bien que ça nous fait de ne pas être ignoré », conclut-elle.

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