De la série TV à notre réalité : « Le crime parfait est difficile à faire »

  • Publié le 2 nov. 2023 (Mis à jour le 29 avr. 2025)
  • Lecture : 3 minutes

Au Canada, une centaine d’experts œuvre pour démontrer scientifiquement la vérité au cœur des crimes qui font le sel des films regardés à l’Halloween. Entrevue avec Nicolas Tremblay, biologiste judiciaire au Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale (LSJML) situé à Montréal, le plus ancien au pays.

Nicolas Tremblay, c’est Dexter Morgan sans le côté sombre. Cet expert fait montre d’une belle pédagogie pour les passionnés de crime que nous sommes.

Les séries télévisées alimentent encore l’engouement autour des sciences judiciaires. « C’est encore très attrayant comme profession. Il y a un voile de mystère autour de notre travail », confesse le biologiste judiciaire du LSJML, Nicolas Tremblay.

À ce mystère se greffe la rareté : le LSJML, le Centre des sciences judiciaires de l’Ontario et la Gendarmerie royale du Canada sont les seuls au pays.

Au Québec, qu’importe les kilomètres, indices et cadavre sont acheminés au Laboratoire montréalais sous 24 à 48 heures. Il arrive, cependant, que les « Experts » québécois se déplacent dans les cas complexes.

L’identification à l’aide d’empreintes génétiques, se passe majoritairement dans un cadre criminel à partir d’un cadavre entier ou démembré. Avant l’action des laborantins, des techniciens en identité judiciaire se chargent de « figer la scène » en la photographiant sous tous les angles pour garder l’endroit intact. Des lasers sont même employés pour préserver les distances entre les objets.

Au sein du laboratoire, chaque biologiste a sa spécialité. « Moi, je travaille sur la partie ADN afin d’établir un profil génétique dans des causes criminelles, des tests de paternité (contexte criminel dans les incestes), des tests d’identification de restes humains », explique-t-il.

Les autres méthodes

L’anthropologue et l’odontologue judiciaires gèrent l’identification. Ce dernier s’occupe des empreintes dentaires. L’anthropologue s’efforce de déterminer le sexe et l’âge d’un squelette ou de restes humains.

La balistique : science du mouvement des projectiles des armes à feu.

La chimie intervient pour certains types de traces : le verre, les fibres et autres matières. « Dans un délit de fuite, un morceau de pare-brise peut être retrouvé sur les vêtements de la victime. La comparaison va être établie avec le véhicule en fuite », détaille M. Tremblay.

La toxicologie : recherche de drogues, médicaments ou poisons dans des morts suspectes, agressions sexuelles par l’administration d’une substance sans consentement. Accidents routiers (capacités affaiblies par l’alcool). Pour les poisons, un contre-espionnage se dresse. « Il y a des méthodes pour les déceler. On garde éternellement des prélèvements et des matrices biologiques », mentionne M. Tremblay.

La médecine légale : ce qui touche à la pathologie. C’est là qu’on retrouve l’autopsie ordonnée par le coroner. L’autopsie tente de cerner les lésions ayant entraîné la mort. Les autopsies n’existent pas que dans les morts suspectes. « Pour un homme de 75 ans retrouvé mort dans son salon, il y a une autopsie », précise Nicolas Tremblay. Ou une autopsie virtuelle : c’est une numérisation du corps pour s’assurer des motifs du décès sans le concours d’une tierce partie. Pour les morts plus « attendues », l’autopsie est réalisée à l’hôpital.

Ensuite, l’examen est strictement scientifique en faisant abstraction des informations obtenues pour voir ce que « les pièces à conviction racontent ». « Nous recevons les prélèvements à partir du corps ou des vêtements pour l’ADN notamment. Ça peut être une cagoule dans un vol qualifié ou du sang laissé sur une vitre par un suspect dans un vol par effraction », indique Nicolas Tremblay.

« Le sang ne ment jamais »

Comme dans Dexter, des patrons de projection sanguine sont tissés. Ils servent à signaler où la personne se trouvait lorsqu’elle s’est fait frapper. S’est-elle déplacée, en saignant ? Le meurtrier présumé a-t-il nettoyé la scène de crime (eau de javel en particulier) ? Pour avérer les faits, une seule goutte suffit. En usage depuis 1937, le luminol est un composé chimique qui affiche une luminescence bleutée lorsqu’il rentre en contact avec le sang.

Le progrès rend la tâche ardue aux criminels. « Le crime parfait est difficile à faire », conclut Nicolas Tremblay, lui-même amateur de séries policières.

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