Un concepteur démystifie tout le travail derrière l’adaptation

  • Publié le 5 avr. 2023 (Mis à jour le 29 avr. 2025)
  • Lecture : 3 minutes

Patrice Charbonneau-Brunelle, scénographe pour la pièce de théâtre Gaz Bar Blues qui sera présentée au Théâtre du Vieux-Terrebonne le 12 mai, était récemment de passage au Centre culturel Desjardins dans le cadre d’une rencontre de la série L'Envers du décor. Il a alors témoigné de son bonheur de voir le travail des concepteurs mis de l’avant.

« C’est rare qu’on donne la parole aux concepteurs. Quand je dis que je suis scénographe, les gens ne savent pas en quoi ça consiste, alors j’explique que je suis concepteur de décors. Je suis heureux de venir rencontrer le public. »

Patrice Charbonneau-Brunelle œuvre dans le milieu du théâtre depuis une quinzaine d’années. Avant de se tourner vers la conception, il a aussi étudié pour être acteur. Il est le cofondateur de la compagnie Posthumains et cocréateur du iShow dans lequel il a performé. « Je sais ce que c’est que d’être sur scène, et ça m’amène une conception différente de l’espace. »

Le scénographe a été invité à participer au projet de Gaz Bar Blues du Théâtre Duceppe par la metteure en scène Édith Patenaude, avec qui il avait souvent collaboré. S’il avait vu le film lors de sa sortie, il a décidé de ne pas le visionner de nouveau afin d’éviter d’être influencé. « C’est mieux de ne pas avoir trop de référence en tête afin de pouvoir s’approprier les éléments et ne pas faire de la copie. »

Le concepteur avoue avoir été très surpris de constater à quel point cette histoire avait touché les gens. « Parmi mes projets, c’est aussi celui pour lequel mon entourage a eu le plus d’intérêt. » Il croit que le fait que Gaz Bar Blues mette de l’avant le rôle d’un père présent pour ses enfants explique entre autres qu’il y a 20 ans, ce film de Louis Bélanger fut en quelque sorte une révélation pour les Québécois qui sont si attachés à ce récit.

Les défis de l’adaptation

Lorsqu’un film, contemporain de surcroît, est adapté pour le théâtre, le défi est que le public peut être amené à faire des comparaisons. Sur Gaz Bar Blues, l’enjeu au niveau des décors était notamment le fait que ce sont de courtes scènes qui se passent dans différents lieux, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

« Il fallait établir comment passer rapidement d’un lieu à l’autre, et c’est ainsi que nous avons choisi un plateau tournant. Ce dernier illustre aussi le temps qui passe, la nostalgie, et se veut une référence au vinyle. » En effet, si la musique était présente dans le film, elle occupe une place de choix au sein de la pièce de théâtre, alors que des acteurs musiciens interprètent en direct une trame originale, sous la direction du contrebassiste et compositeur Mathieu Désy. « Ce n’est pas un théâtre musical, explique Patrice Charbonneau-Brunelle, les comédiens ne chantent pas, mais ils jouent des instruments parfois imposants et ce fut un autre défi. » Ce dernier a entraîné la conception d’éléments modulaires qui peuvent être étendus ou rapprochés selon la dimension de la scène, ce qui permet d’ailleurs de pouvoir présenter Gaz Bar Blues dans différentes salles du Québec.

Le scénographe explique que l’équipe a aussi voulu présenter des éléments de théâtre traditionnel et contemporain. « C’est vraiment un spectacle généreux », conclut-il.

L’histoire

Dans le quartier, tout le monde appelle François Brochu «Le Boss». C’est dire combien la station-service qu’il tient est le centre du monde pour le petit groupe qui gravite autour jour après jour, par habitude ou désœuvrement. Nous sommes en 1989 et le Québec des quartiers ouvriers n’est pas encore vraiment entré dans la modernité. Mais Le Boss voit bien que son temps est compté: ses fils rêvent d’une autre vie et la nouvelle station libre-service lui mène une concurrence impitoyable. À la télévision, le mur de Berlin tombe; Le Boss et les vieux qui se rassemblent au gaz bar sont un peu comme les habitants de la RDA qui découvrent hébétés que, pendant qu’ils étaient occupés à besogner, le monde a avancé et les a laissés derrière.

Le théâtre sera présenté le 12 mai, à 20 h, au Théâtre du Vieux-Terrebonne. L’adaptation est signée David Laurin. La pièce met en vedette Martin DrainvilleBertrand Alain, Miryam Amrouche, Claude Despins, Francis La Haye, Frédéric Lemay, Hubert Lemire, Steven Lee Potvin et Jean-François Poulin. Informations : www.theatreduvieuxterrebonne.com ou 450 492-4777.

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