Exclusif | Nathalie Sinclair Desgagné rompt le silence

  • Publié le 18 juin 2025 (Mis à jour le 18 juin 2025)
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La députée sortante Nathalie Sinclair Desgagné (BQ). (Photo Médialo)
La députée sortante Nathalie Sinclair Desgagné (BQ). (Photo Médialo)

À quelques heures de la décision de la Cour supérieure qui fixera enfin la date d’audience dans le dossier électoral de Terrebonne, la députée sortante Nathalie Sinclair Desgagné revient sur un processus sans précédent au Canada. L’élue du Bloc québécois, battue d’un seul vote à l’issue d’un dépouillement judiciaire, a choisi de contester les résultats. Elle a accordé une entrevue exclusive à La Revue pour faire le point sur ce qu’elle vit et sur les prochaines étapes à venir.

 

Comment avez-vous vécu ces revirements électoraux et pourquoi avoir porté l’affaire en justice ?


C’est la première fois qu’un revirement aussi spectaculaire a lieu au Canada. Que quelqu’un ait 44 voix d’avance, c’est très rare, et qu’ensuite ce soit seulement par un vote… c’est du jamais vu. Tout ça pour apprendre qu’il y avait au moins une citoyenne privée de son droit de vote par une erreur d’Élections Canada… J’ai donc décidé avec l’appui de mon parti, le Bloc québécois, de me lancer dans une contestation judiciaire, car il y a un problème très important de légitimité.

On est donc face à un flou juridique ?


Je pense effectivement que la loi électorale canadienne ne prévoit pas des cas aussi spectaculaires. En effet, elle ne prévoit pas de marge d’erreur pour déclencher un nouveau dépouillement, mais avec plusieurs juges cette fois. Ensuite, pourquoi Élections Canada n’a-t-il pas les moyens de corriger une erreur grave en déclenchant automatiquement une nouvelle élection ? Ce cas met en lumière plusieurs failles et comme Élections Canada a admis son erreur, il faut lui laisser la chance de la réparer.

Espérez-vous créer un précédent avec cette démarche ?


Je vais faire jurisprudence, c’est certain. On parlera pendant des années du cas de Sinclair Desgagné dans Terrebonne. Ce qui va être décidé prochainement va servir à adapter la loi, mais aussi à guider d’autres contestations judiciaires.

Que répondez-vous à ceux qui vous reprochent de mal accepter la défaite ?


Je ne fais pas ça pour moi-même, je fais ça pour les citoyens de Terrebonne. Avant la politique, j’avais une très belle carrière, et je sais que s’il n’y a pas de nouvelle élection, je la retrouverai. Ce n’est donc pas mon poste qui m’importe, c’est la légitimité de ce vote. Ma mère était péruvienne et je sais ce que signifie se battre pour la démocratie. Si j’avais perdu de façon claire, je serais partie, certes peinée, mais respectueuse de la démocratie. Or ce n’est pas le cas ici.

Quelles sont les conséquences de cette élection serrée pour vous et votre équipe ?


Quand je dis que la loi électorale est imparfaite, c’est aussi parce que les délais nuisent à une seule partie. Mon équipe et moi n’avons plus de salaire, et nous ne savons pas si nous devons chercher un nouvel emploi ou nous préparer à retourner en campagne. Mais retourner sur le marché du travail nous est impossible, car aucun employeur ne voudrait engager quelqu’un dans ces conditions sachant que nous pouvons repartir en campagne dans quelques semaines.

Alors, comment vivez-vous concrètement cette période d’attente prolongée ?


Les délais pèsent lourd. Il n’y a pas de mesures de soutien prévues, alors qu’on ne parle pas ici d’une allégation de fraude, mais d’une erreur reconnue par Élections Canada. Les indemnités de départ de mes employés vont bientôt se terminer et ils devront puiser dans leur assurance-chômage, sans savoir s’ils retourneront travailler ou en campagne.

Auriez-vous souhaité un appui exceptionnel du Bloc québécois ?


Je comprends votre question, mais je vous la retourne : pourquoi ce serait au Bloc de le faire, et non au système ? Lors du dépouillement judiciaire, l’aide reçue était ridicule par rapport aux coûts assumés. Cette contestation nous coûte des dizaines de milliers de dollars. Les partis fédéraux n’ont pas de financement public comme au provincial. Imaginez si je n’avais pas été affiliée politiquement… je n’aurais jamais pu me battre. Ce n’est pas normal dans une démocratie.

Que pensez-vous des délais actuels et attendez-vous une accélération du processus ?


Ils doivent s’accélérer, mais je crains que les vacances d’été ne ralentissent tout. L’avocat d’Élections Canada avait déjà demandé un report de l’audience préliminaire de ce jour… Ce serait pourtant le moment pour eux d’être irréprochable. Je veux une date d’audience le plus vite possible. Ce recours est censé être « sans délai ».

En cas de nouvelle élection, que changerez-vous dans votre campagne ?


On continuera notre campagne de terrain. L’élection a été biaisée par un contexte particulier de rejet des conservateurs et de peur de Donald Trump. Même si je n’ai aucune certitude quant à la suite, je pense qu’en cas d’élections partielles, plusieurs citoyens reviendront au Bloc. Mais rien n’est acquis.

Et si la Cour ne vous donne pas raison ?


Je ne me projette pas là. Je prendrai les décisions en temps voulu, mais j’ai bon espoir.

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