Des premiers résultats encourageants pour l’usine d’eau potable de Saint-Lin-Laurentides

Mathieu Maisonneuve a fait visiter l'usine d'eau potable à La Revue. (Photo Médialo - Julien Tilmant)
Mathieu Maisonneuve a fait visiter l’usine d’eau potable à La Revue. (Photo Médialo – Julien Tilmant)

Depuis 2021, la Ville de Saint-Lin-Laurentides engage un chantier sans précédent: construire sa première usine à la fois de traitement et de production d’eau potable. Conçue pour résoudre la crise de pression et d’approvisionnement qui pénalisait certains secteurs de la ville, l’installation s’apprête à accroître de 30% la capacité de distribution locale.

Le défi de tout un mandat

Dès son arrivée en poste, le maire de Saint-Lin-Laurentides, Mathieu Maisonneuve, a été confronté à un véritable casse-tête : comment résoudre les problèmes de pression en eau potable que subissaient beaucoup d’habitants? «Lors de notre arrivée au pouvoir en 2021, certains secteurs tout particulièrement étaient touchés, surtout au sud pendant les heures de pointe de la journée», confie l’élu.  

En matinée et en fin de journée, quand les familles étaient au complet dans les foyers, l’eau se réduisait jusqu’à couler en «petit filet», rendant difficiles les douches, la cuisine ou encore l’entretien ménager.  

Une situation causée par des années de politiques de développement démographique ayant amené l’approvisionnement en eau à ne plus suffire pour tous les nouveaux arrivants. C’est pourquoi, face à ces pénuries, un moratoire sur la construction résidentielle, décrété dès novembre 2021 et toujours en vigueur, a freiné drastiquement la croissance. «Cela ne pouvait que ralentir le problème, car n’était pas suffisant. Il fallait que la Ville augmente son offre d’eau potable», ajoute le maire conscient que la Ville, à l’instar de nombreuses autres municipalités québécoises, avait clairement manqué, pendant de nombreuses années, de politique de planification et de vision sur le long terme. «Chacun a fait ce qu’il pouvait et je ne reproche rien à personne, mais, face au problème, nous devions agir en urgence».  

Des études hydrogéologiques aux choix technologiques 

«Dans un premier temps, il a fallu faire des études hydrogéologiques pour s’assurer que la nappe phréatique soit prête à subvenir aux besoins sans vider forcément les autres nappes utilisées par les riverains», explique Mathieu Maisonneuve. Ces analyses ont permis d’identifier un gisement suffisamment important pour justifier l’implantation d’une usine sur le territoire. La Ville venait de mettre la main sur le puits numéro 8.  

«La technologie choisie repose sur de la nanofiltration», continue-t-il. L’eau captée est d’abord prétraitée par filtration sur sable vert, puis soumise à un procédé de nanofiltration, qui assure une purification conforme aux normes du Règlement sur la qualité de l’eau potable. Solides, matières organiques, fer et manganèse sont éliminés.  

«Pour 1000 litres injectés, environ 700 à 800 litres sont restitués propres à la consommation ; le reste retourne dans l’environnement, notamment dans les réseaux pluviaux ou les nappes voisines», rassure l’élu. 

L’usine, probablement inaugurée en juillet, devrait donc produire «entre 1,2 et 1,4 million de litres d’eau potable par jour», soit une hausse de 30 % de la capacité municipale. «Notre but n’est pas de produire seulement ce dont les habitants actuels ont besoin. Il nous faut atteindre 150 % de la consommation normale pour absorber les pics et accueillir de potentiels nouveaux habitants».  

Les tests en cours, notamment dans le quartier Villemory, montrent des résultats probants : la pression est stable et suffisante, et l’eau répond aux attentes des citoyens. De quoi rassurer tous les acteurs du projet avant son grand lancement officiel. 

Tuyaux d'une usine d'eau potable
L’usine de production d’eau potable est déjà prête à recevoir l’eau d’un second puits. (Photo Médialo – Julien Tilmant)

Vers une extension avec le puits 9

Anticipant la croissance démographique, la municipalité a d’ores et déjà ciblé un second gisement, le puits 9 : «Une entente a été trouvée avec le propriétaire, les études sont faites, l’espace physique de l’usine est prévu pour ajouter de la machinerie», détaille encore Mathieu Maisonneuve.  

Le puits 9 permettra de doubler la production journalière avec l’ajout de 1,5 à 1,7 million de litres en plus. Les canalisations nécessaires ont même déjà été posées en marge de travaux municipaux récents. Une vision à long terme qui permet d’agir rapidement, dès que la demande reprendra avec la levée possible du moratoire (qui n’est pas encore d’actualité). 

Un exemple de bonne planification 

Au-delà de la technique et de l’urgence qu’exigeait la situation, l’exemple de Saint-Lin–Laurentides illustre l’importance de la planification territoriale. «La course pour attirer les promoteurs et le développement à tout prix, ça a changé. Désormais, nous sommes en position de force et le temps où les promoteurs ne se chargeaient pas de l’asphalte, des luminaires ou des espaces verts quand ils construisaient est terminé. Nous ferons en sorte que ces coûts ne se répercutent plus sur les habitants», admet le maire.  

Le coût de l’usine, quant à lui, évalué à 10 millions de dollars a été assumé en grande partie par la Ville, qui voit dans ce chantier un investissement pour les prochaines décennies. Une vision qui fait de Saint-Lin-Laurentides un modèle de développement maîtrisé dont pourraient probablement s’inspirer d’autres municipalités confrontées au même genre de problème. 

Malgré les restrictions, le soulagement des habitants

Après des années de pression en eau douce fluctuante, les résidents de Saint-Lin–Laurentides confrontés à ces problématiques, retrouvent la joie d’une vraie douche, mais doivent encore faire preuve de patience concernant les restrictions sur les piscines et l’arrosage.

Jean, habitant de l’avenue Villeneuve, se montre d’ailleurs extrêmement conciliant : «Avant, c’était un filet d’eau, difficile pour prendre sa douche. Maintenant, je vois la différence : on a plus de pression. Concernant ma piscine, pas de problème. Quand je suis arrivé ici, je l’ai fait remplir par une entreprise et depuis, quand j’ai besoin de combler l’eau qui manque, je la remplis avec l’eau de mes bacs de récupération». Des bacs proposés, dès l’arrivée au pouvoir par la nouvelle équipe municipale à prix extrêmement réduit afin que chaque habitant puisse en bénéficier. «Les derniers ont d’ailleurs été distribués gratuitement ces dernières semaines», ajoute le maire.   

Façade d'une usine d'eau potable sous un ciel bleu
Le chantier de l’usine a couté 10 millions de dollars. (Photo Médialo – Julien Tilmant)

Piscines et arrosage toujours encadrés

Malgré la mise en service de l’usine d’eau potable, son utilisation reste strictement encadrée. «Ce n’est pas parce qu’on a les quantités nécessaires qu’il faut reprendre les mauvaises habitudes», prévient le maire. Le remplissage direct des piscines demeure interdit et seul un professionnel peut intervenir. Quant à l’arrosage des pelouses, il est lui aussi encore proscrit, mais la réglementation devrait évoluer. Le scénario envisagé prévoit deux périodes hebdomadaires d’arrosage d’une heure, tôt le matin, afin de limiter la pression sur le réseau. 

Des restrictions qui ne semblent vraiment pas gêner les habitants du quartier. Sandrine, dont la maison se situe rue Vianney-Therrien, le confirme : «Honnêtement, pour nous, ce n’était jamais un vrai problème. On s’adaptait pour ne pas utiliser l’eau en heure de pointe. Maintenant, on est soulagés : on pourra reprendre une vie normale sans devoir réfléchir à quand prendre de l’eau».  

Un contrôle renforcé

Enfin, afin d’éviter tout relâchement, les règles sont plus strictes qu’avant : par exemple, les amendes pour non-respect des restrictions ont été considérablement relevées. «Les contraventions étaient moins chères que le coût d’un remplissage de piscine par une entreprise», souligne le maire. Une équipe de surveillance est en place pour assurer le respect des règles, et des rappels réguliers sont diffusés via les médias municipaux. L’objectif n’est pas seulement de sanctionner, mais d’accompagner un changement durable des habitudes. 

Articles les plus consultés

Une partie de la rue Dupuis a été fermée durant la journée. (Photo gracieuseté)
Faits divers

Plusieurs coups de feu sur une résidence de Mascouche

Le Service de police de la Ville de Mascouche a été alerté vers 3 h, ce 3 juin, pour des coups de feu tirés sur une résidence située sur la rue Dupuis.
Trésor N’Kumbu Luyeye est recherché. (Photo SQ)
Faits divers

Un homme de Mascouche recherché pour fraudes interprovinciales

Des arrestations ont eu lieu le 22 mai dernier à Mascouche et à Montréal pour des fraudes interprovinciales effectuées chez des concessionnaires de véhicules. 
Mathieu Maisonneuve a fait visiter l'usine d'eau potable à La Revue. (Photo Médialo - Julien Tilmant)
Actualités

Des premiers résultats encourageants pour l’usine d’eau potable de Saint-Lin-Laurentides

L’usine devrait produire « entre 1,2 et 1,4 million de litres d’eau potable par jour », soit une hausse de 30 % de la capacité municipale.